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Hater-generated content bi-mensuel sur le monde du travail. Sort le jeudi mais le mood est "comme un lundi".

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Par CDLT
31 mars · 6 mn à lire
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Les pires comportements en télétravail

Pour une étiquette du télétravail. Une étiqueTTe ? Une TTiquette ? Une éTTiquette ? Bref.

Je sais pas si vous vous souvenez - si vous vous rappelez pas parce que vous étiez trop jeunes je vous prie d’aller retourner boire votre Capri-Sun en jouant à Peppa Pig - mais aux prémices du web 2.0, à l’époque où le comble de l’interaction c’était d’échanger des vannes avec votre pote virtuel Paflechien13 sur des forums, des gens avaient tenté de faire exister ce concept naïf et superbe qu’iels appelaient la “Netiquette”. L’étiquette des internets. Un ensemble de règles de savoir-vivre pour garantir des échanges constructifs et respectueux sur le web.

Là avec un peu de recul, on peut faire le constat qu’iels ont échoué.

Mais ça partait d’un bon sentiment.

Et en fait, on n’aurait pas pu prédire ces catastrophes que sont les algos, les clashs Twitter, l’arrivée de nos parents sur les réseaux sociaux (à bon entendeur;;…….. ) et compagnie, mais il y a un truc sur lequel on peut tous·tes agir.

Moi la première - car je suis coupable de quasi-tout ce que je vais vous lister ci-dessous.

C’est l’impolitesse en télétravail.

Voici donc - car j’avais promis un top Topito après le dernier article sérieux et j’aime tenir mes promesses, surtout quand ça m’arrange - la liste de ce que le télétravail a créé de pire comme comportements. On se parle de l’ouragan de n’importe quoi qui s’est glissé dans cette brèche de liberté qui s’est offerte à nous depuis 2020. Et comme je me sens d’humeur à créer des noms de concepts à la con, je vais les brander en franglais.

1/ Le Slack-edging

Mais si, vous voyez. C’est quand quelqu’un vient vous écrire en direct, sur Slack/Teams/Whatever, interrompant une phase de concentration profonde d’un
“Salut, ça va ?”
faux-cul, auquel vous répondez obligeamment
“Hey, ça va et toi ?”
et puis…
ET PUIS RIEN BORDEL DE MERDE. RIEN. LA PERSONNE NE VOUS DIT ÉVIDEMMENT PAS COMMENT ELLE VA, MAIS ELLE NE VOUS DIT PAS NON PLUS POURQUOI ELLE EST VENUE VOUS FAIRE CHIER.

2/ Le visio-walking

Tout le monde se connecte docilement à la conf-call dans un environnement relativement calme, sauf généralement UNE PERSONNE qui prend le call en marchant dans la rue.

Généralement, s’ensuit :

  • un allumage de caméra où la personne se filme de sous le menton et commence par un “ouais pardon j’avais un rendez-vous/je dois aller chercher mes enfants à l’école”

  • un putain de fracas de bruit de bus qui freinent, de voitures qui klaxonnent, de vêtements qui frottent, de pas précipités, de FUCKING VENT DANS LES FUCKING ÉCOUTEURS

  • quelqu’un qui dit “Machin désolé·e j’te mute car on s’entend pas”

  • la personne qui se dé-mute dix minutes plus tard pour dire un truc à côté de la plaque car elle n’a pas du tout écouté ce qu’il se disait mais elle veut participer

Personne n’ose le dire alors j’y vais : c’est insupportable. Personne ne peut suivre un call en marchant dans la rue. Déclinez l’invit, pitié.

3/ Le camera-offing

Ça c’est facile, c’est quand des gens se connectent à un call sans mettre leur caméra.

Là y’a plusieurs options :

  • Tu es en prez ou call client et personne n’a mis sa caméra, alors que toi tu l’as mise : tu es condamné·e à faire ta présentation en étant exposé·e mais sans voir la réaction des gens, c’est une sensation de type “le cauchemar où tu arrives en pyjama à l’école” mêlée à “quand tu réponds d’un coucou de la main à quelqu’un qui faisait coucou à la personne derrière toi”. Courage. Been there.

  • Une seule personne n’a pas mis sa caméra, pour cause de cheveux gras ou de flemme de s’habiller ce matin ou de elle écoute d’une oreille distraite en faisant autre chose. Dans tous les cas, c’est tout simplement CRUEL car si on s’écoutait on le ferait tous·tes, mais on le fait pas car la frontière entre la civilisation et la sauvagerie est mince et tient à pas grand-chose, merde.

4/ Le chew-chatting

Ça c’est quand les gens bouffent un truc en scred pendant qu’ils sont en visio, call, peu importe, bref dans ces situations où il y a un MICRO-HYPER-SENSIBLE designé par Apple en Californie, un micro vraiment très directionnel, vraiment très dirigé vers leur bouche, qui nous fait vivre l’incroyable épopée de ce biscuit vraiment très sec entre leurs molaires, rebondissant vaillamment sur la paroi interne de leurs joues, s’imbibant d’un torrent de salive pour revenir aux molaires, VRAIMENT C’EST TRÈS COOL, ça se sent que je suis misophone ou pas ?

On me l’a déjà fait avec des chips, sachez que j’ai été prête à tout plaquer pour finir en prison à perpet’ pour meurtre, sans passer par la case départ, sans toucher 20 000 francs, rien à carrer.

5/ Le chuchoting

A ne pas confondre avec le précédent car il n’a aucun rapport. Ça consiste à répondre au téléphone en chuchotant “Salut, alors je suis pas dispo là, je te rappelle hein”.

Hé j’sais pas, une idée comme ça : répondez pas.

6/ Le background-cheating

Ça c’est les gens qui mettent soit un gros flou de background en visio, soit carrément une image de fond d’un coworking boho-cool type “WeWork de surfeurs à Los Angeles”.

Le flou de background, franchement, c’est pas juste. On peut pas suggérer comme ça, sans laisser voir. Je veux dire, le monde est assez difficile comme ça, et perso, voir les étagères en bordel, les enfants qui courent derrière, les piles de linge, c’est une source de réconfort, je me sens moins seule, je me sens plus connectée à l’humanité. Je suis pour une libération assumée du background, et je vous écris ça en direct de mon dressing-bureau-chambre d’ami-débarras.

Les faux background de bureau, ça, pardon hein, mais ça crie “malhonnête”. Je veux dire, t’es une startup de littéralement 1 personne + 1 stagiaire, tu bosses de la table de ton salon, et tu me mets un background de bureau comme si t’avais levé 15M€ chez Andreessen Horowitz, désolée c’est trop “fake it” et pas assez “make it”.

7/ Le conf-call-multitasking

Ça c’est vraiment la plaie moderne. C’est pas arrivé d’un coup, ça a commencé à l’époque des réunions IRL de 10 personnes dont 6 qui n’ont rien à faire là et qui passent la réunion à écrire des mails. Ça consiste à être en visio et à faire autre chose à côté, en se mentant sur le fait que le bruit de son clavier ne sera pas entendu par le MICRO HYPER SENSIBLE susmentionné, et qu’on ne sera pas trahi·e par notre regard dans le vague et notre “hein?” quand on nous posera une question.

8/ Le pet-guest-starring

Allez, faites pas vos innocent·es. On sait très bien ce que vous faites. Vous laissez nonchalamment votre animal de compagnie entrer dans le cadre lors d’une visio. Vous faites comme si de rien n’était pendant que votre chat montre son cul à la caméra/votre chien pose son museau sur votre clavier. Et puis quelqu’un remarque, évidemment, et dit “oh mais c’est ton chat/chien ? il est trop mignon, comment iel s’appelle ?”. Et là vous vous confondez en excuses “ah oui, pardon, c’est Pipou, il adore attirer l’attention” mais on est pas dupes, c’est VOUS qui aimez attirer l’attention sur votre animal, et ça VOUS SUFFIT PAS de le montrer dans 70% de vos stories, non non non, vous avez BESOIN de le laisser faire dérailler des réunions. Eh bien vous savez quoi ? Changez rien, c’est super.

9/ Le t’as-5-minuting

C’est un message Slack/Teams intempestif qui vous interrompt pour vous demander si vous avez 5 minutes pour un truc qui ne prend JAMAIS 5 minutes. Protip : demandez le truc directement, comme ça la personne jugera d’elle-même du temps que ça prend et de la pertinence de vous répondre ou de vous laisser végéter dans les limbes du “vu”.

10/ Le straight-to-the-point-ing

Quand on interagit principalement par écrit, l’échange, même s’il dure des semaines, devient une sorte de conversation unique et infinie. Résultat, on a tendance à complètement se passer de toute forme de “coucou comment ça va ?” ou de “et sinon, ton verre hier soir c’était cool?” qui servait historiquement de lubrifiant avant d’attaquer le sujet (= généralement demander un truc). Hé, après tout, à quoi bon s’emmerder avec les bonnes manières quand on peut directement commencer par “Est-ce que” et “Merci de”, à sec, comme ça.
N’oublions pas que derrière chaque clavier, même Christian, il y a un coeur qui bat.

11/ Le raccourcing

Avec les forfaits “textos illimités” on a cru être enfin débarrassé du langage SMS.
Eh bien on s’est fourré le doigt dans l’oeil jusqu’au coude, car les abréviations dégueulasses font leur grand retour. On espère que les gens utilisent vraiment à bon escient toutes les heures de vie gagnées à écrire “Bjr”, “stp”, “cdlt” évidemment mais aussi son grand-frère qui se veut sympa “bcdlt” et le damné “mrci”.

12/ La galèrePods

C’est scientifiquement prouvé : 100% des problèmes de micro qui se connecte pas, de “tu nous entends ? ah ben non j’crois que tu nous entends pas” viennent des airPods. Mais les propriétaires de airPods ont absolument tous·tes en commun un déni farouche du problème, qui vient probablement du fait d’avoir lâché 250 balles dans une technologie de l’enfer qui marche tout le temps sauf qu’en t’en as vraiment besoin.

Bon, le constat est constaté, et maintenant on fait quoi ?

Comme on peut, principalement hein.

CDLT

Sev & Mag (sauf pour les airPods, elle se désolidarise)