CDLT

Hater-generated content bi-mensuel sur le monde du travail. Sort le jeudi mais le mood est "comme un lundi".

image_author_CDLT_
Par CDLT
18 juil. · 9 mn à lire
Partager cet article :

Qu'est-ce que gagner le SMIC ?

Le SMIC, c'est pas chic.

Ça fait évidemment un mois et demie que je me demande si je parle de politique ou pas. Jusque-là, j’ai décidé de cantonner le bail à l’Insta de CDLT, me disant qu’a priori ici vous vous en battez les reins - à juste titre - de mon avis. SAUF QUE VOILÀ, tout est politique. Tout ça pour dire que cet article est une forme de subtweet sur un débat de l’époque.

Vu qu’on va parler datas (oui, j’ai décidé que soit vous étiez au taf et vous aviez des chances d’avoir du temps, soit vous étiez en vacances et vous aviez que ça à faire de lire des articles trop longs trop chiffrés), je vous mets tous les données et les points de contexte dans des encadrés pour faciliter la lecture (sauf quand je le fais pas).

Ah oui aussi : après cet article on va entrer dans la programmation d’été jusqu’à fin août. Qu’est-ce que ça veut dire ? Aucune idée. Soit je fais des jeux à la con, comme l’année dernière, soit je fais autre chose, soit je fais rien. Suspense.

Quand on y pense, le SMIC est un paquet de trucs. Bien sûr, c’est une donnée économique et légale.

Combien ça coûte, comme disait Jean-Pierre Pernault ?
Depuis le 1er janvier, il est à 1398,69 € nets par mois pour 35h, suite à la revalorisation automatique de début d’année, mise en place depuis 2010 (ça fait 16784,32 annuels en net, 21203,04€ en brut).

Si vous voulez un comparateur des salaires pour savoir où vous vous situez, en voici un, et voici notamment un classement de notre salaire minimum par rapport aux autres pays d’Europe (scoop : on n’a pas le plus élevé, même en prenant en compte le pouvoir d’achat).
Pour l’employeur, les cotisations patronales sont fortement allégées sur un SMIC (en gros, 3,35% en plus du brut, soit un coût mensuel de 1829,46€ au total), et des réductions, bien que dégressives, existent jusqu’à 1,6 fois le SMIC.

Comment ça marche la revalorisation ?
Pour ce qui est de la hausse de début d’année, depuis 2013, l’accroissement annuel du SMIC ne peut pas être inférieur à « la moitié du gain de pouvoir d’achat du salaire horaire moyen des ouvriers et des employés » mesuré par le Ministère du Travail.

Il peut aussi être augmenté mécaniquement en cours d’année, si le dernier indice des prix à la consommation des 20% de ménages les moins bien rémunérés a augmenté d’au moins 2% depuis la dernière revalorisation (bref, inflation sa mère). C’est arrivé en 2023, 2022, 2021 et ça devrait arriver avant la fin 2024 (je veux dire, pour la partie automatique, le reste inch’allah).
Source 1 / Source 2 (le bureau officiel de la Sécu qui a le MEILLEUR acronyme)

C’est aussi un héritage de l’après-guerre.

Instant histoire
Le SMIG, le papi du SMIC, a été créé en 1950, pour relancer la consommation et lutter contre la pauvreté, après 12 ans de gel des salaires (nan, vous voulez dire que les bas salaires peuvent être bloqués MÊME sans salaire minimum ? Ah non merde, les encadrés c’est pas pour donner mon avis). Celui qui est considéré comme son créateur, le Ministre du Travail Paul Bacon, a tranché dans le lard et a défini un montant différent en région parisienne (78 francs de l’heure) et en province (64f).

C’est aussi, of course je vais pas vous faire un dessin, un sujet de débat, et de désaccord entre économistes. C’est comme West Side Story, Roméo et Juliette, Harry Potter et le régime bullshit des années 2000 : y’a deux camps. D’un côté, celleux qui pensent qu’il est une aberration qui bloque la croissance, et que son augmentation détruit de l’emploi… et les autres. Ah merde y’a trois camps, car y’a aussi celleux qui disent qu’on sait pas.

C’est également, il faut le dire, un levier. Car si sa revalorisation suit certaines règles, il peut faire l’objet d’un “coup de pouce” qui répond souvent à des enjeux politiques.

Le saviez-tu ?
Le dernier “coup de pouce” remonte à 2012, juste après l’élection de Hollande. Avant ça, c’est venu des gouvernements Villepin, Raffarin, Villepin, Jospin, Jospin, Jospin, Juppé, Juppé et Mauroy.


Ah bah ?
Vous allez me dire, et la hausse de 100€ de Macron pour calmer la crise des Gilets Jaunes ? Pas un coup de pouce. Il a pris la revalorisation automatique du SMIC qui allait avoir lieu, et y a ajouté une augmentation de la prime d’activité, qui est une prestation sociale, pas un salaire.
Source / Source

Mais le SMIC, c’est aussi un symbole. Un peu comme le RSA, il est entré dans le langage courant pour désigner un certain type de travail, et par extension, de personne. Et le moins qu’on puisse dire, c’est que cette désignation n’est pas franchement empreinte de respect. Par exemple, est-ce qu’il y a un mot qui pue davantage le mépris que le terme “smicard” ? Je veux dire, il flotte même pas dans la piscine de dédain de “gauchiasse” et “journaleux”, il est dans une flaque boueuse à côté avec “sans-dent”, “prolo” et “cassos”.

Bref, c’est plein de trucs, dans notre esprit, le SMIC. Prononcez le terme en juillet 2024 au milieu d’un groupe de gens qui ne le gagnent pas, et c’est garanti, 25 minutes plus tard vous y êtes encore, d’ailleurs soudainement tout le monde s’est mué en économiste (les mêmes qui furent épidémio, sélectionneurs de l’Équipe de France, constitutionnalistes et plus récemment expert·es en ballistique).

Le truc que c’est PAS en revanche, dans l’esprit des gens qui ne sont pas concerné·es, c’est : une façon de vivre. Parce que pouvoir penser le SMIC comme une donnée économique, c’est un privilège. Gagner le SMIC, c’est aussi, pour beaucoup de gens

beaucoup de gens = 17,3 % des salariés du secteur privé non agricole, soit 3,1 millions de personnes. En 2014 c’était 10,8%.
Source

quelque chose qui impacte, non, dicte, leur quotidien. Et j’avais envie de parler de ça. Des réalités qui se cachent derrière les chiffres. Mais avec des chiffres, certes, vous comprendrez pourquoi un peu plus tard.

Qui veut gagner des mi…nimas ?

Là on va tenter de décrire les gens qui gagnent le SMIC. Et pour ça on va s’aider des données de la Dares (devil) et on va pas faire d’encadrés parce que sinon cet article va ressembler à une manif.

S’il fallait dresser le portrait-type, ça serait bien évidemment une femme (57% des personnes au SMIC), elle a pas mal de chances d’être en temps partiel (en 2018 78% des temps partiels, et 70% des CDD et intérims étaient occupés par des femmes, et la proportion des personnes en temps partiel au SMIC est de 38,3%, contre 12,4% pour les gens en temps complet), a priori elle est ouvrière / bosse dans une TPE / dans la grande distrib / la restauration / les services, n’a pas de diplômes et ne vit pas à Paris.

Donc bon, a priori (parce que, voilà, on ne peut pas parler SMIC sans parler pauvreté) si cette femme est potentiellement en temps-partiel et qu’elle n’est pas en couple (dans 80% des familles monoparentales, le parent est une femme), ou si elle l’est mais que l’autre personne n’a pas d’emploi, il y a de grandes chances qu’elle soit sous le seuil de pauvreté (selon OXFAM, 53% des personnes vivant sous le seuil de pauvreté en 2019 étaient des femmes, celles à la tête d’une famille monoparentale sont à 40% sous le seuil de pauvreté, deux fois plus que les pères seuls), et fasse donc partie des 2 millions de travailleurs·ses pauvres en France, soit 8% de la population (pour ce qui est de la définition de la pauvreté, y’a débat mais la plus courante revient à dire : gagner moins de 60% du revenu médian français, qui était de 1837€/mois pour une personne seule en 2019) (donc 1102€ par mois).

A noter - enfin OXFAM note - que la pauvreté n’est pas que financière : en 2017, l’UE a défini un indicateur de privation matérielle et sociale qui prend en compte de nombreux autres facteurs : la précarité énergétique (= par exemple ne pas pouvoir se chauffer suffisamment l’hiver), numérique (= ne pas avoir accès à internet), sociale (= ne pas pouvoir sortir au moins une fois par mois), alimentaire (= ne pas manger un repas avec des protéines au moins tous les deux jours) etc. En France, 21% de la population serait en situation de pauvreté monétaire ou de privation matérielle et sociale. Une personne sur cinq.

Bon ok, et niveau style de vie, ça implique quoi ?

Malheureusement, la dernière étude (de la Drees cette fois) sur ce qu’on appelle les “dépenses pré-engagées” date de 2018, donc je vous laisse arrondir très au-dessus avec l’inflation. Les dépenses pré-engagées, c’est les dépenses définies par contrat (loyer, assurance, remboursements, cantine…) non-renégociables à court-terme. D’après l’étude, les personnes qui gagnent le SMIC consacrent entre 39% et 31% de leurs revenus disponibles à ces dépenses (selon qu’on les place dans les “ménages modestes non pauvres” ou les “classes moyennes”). On était à 12% dans les années 60.

Si on parle en revanche “dépenses contraintes”, qui sont plus englobantes (y’a logement, transport, énergie, assurances, abonnements, communication), l’indice réalisé par LesFurets montre qu’elles atteignent 46% du revenu des personnes seules, et 61% des revenus des classes moyennes inférieures. Donc en gros, sur une personne seule au SMIC, ça laisse 755,3€ pour payer les autres trucs, qui sont pas franchement moins contraints, vu qu’on peut pas vraiment se passer de se nourrir, s’habiller et acheter du PQ.

Si on regarde cette étude reprise par L’Observatoire des Inégalités et qu’on additionne ce qu’on considère (on y reviendra) comme des “bonnes dépenses” - l’alimentation (hors alcool), l’habillement, le logement, les charges, la santé, les transports, la communication et l’enseignement - on arrive si mes calculs sont bons (ce qui est rarement le cas), à 63,2% de la consommation des ouvriers qui sont dédiés à ces postes, contre 54,4% de celle des cadres.

Et si on redemande aux Furets, 22% de tous·tes les interrogé·es sont à découvert sur leur compte courant tous les mois ou presque (31% chez les 25-34 ans, 37% chez les parents d’enfants de moins de 15 ans).

J’arrête ici sur ce sujet, car il est temps de poser la VRAIE question derrière la question du SMIC.

C’est quoi un salaire décent ?

L’Organisation Internationale du Travail définit un salaire décent, ou “salaire vital”, comme un “salaire nécessaire pour assurer un niveau de vie décent aux travailleurs et à leur famille”, ce qui est éminemment tautologique, mais le Forum Economique Mondial, précise que “cela inclut être capable de subvenir à des besoins basiques, comme le logement, la santé, l’éducation, le transport et l’habillement”.

Y’a un économiste, Pierre Concialdi (alors que Jean honnit Lidl), chercheur à l’IRES (Institut de Recherches Économiques et Sociales), qui a fait le calcul. Plein d’articles en parlent, mais vous me connaissez j’aime souffrir, donc je me suis tapé la lecture de l’étude d’origine de 2020.

La méthode
J’essaie de vous résumer : il est parti des budgets de référence des actifs en fonction du nombre d’enfants à charge, et en a déduit le revenu d’activité nécessaire pour vivre décemment selon le nombre d’adultes dans le ménage, et il a fait une grosse moyenne de toutes les situations.

Et il arrivait en 2020, JE VOUS LE DONNE EN MILLE, à un revenu moyen de 1655€ soit 1,38 fois le SMIC pour vivre décemment. Pour une personne seule, ça serait 1609€, une famille monoparentale avec 2 entants, 2956€, un couple avec 3 enfants 1999€ par adulte. En 2023 il l’a updaté et est passé à 1630€/mois pour une personne seule, etc. etc.

MAIS BON, Concialdi c’est un dangereux gauchiste altermondialiste qui a soutenu Mélenchon. Ce qui serait bien, c’est d’avoir l’avis de quelqu’un qu’on pourrait pas soupçonner d’être militant.

Comme par exemple… une grosse entreprise.

Comme par exemple Michelin.

Qui a annoncé en avril dernier l’instauration d’un “salaire décent” pour ses 132000 employé·es dans le monde. Pour ça, Michelin s’est basé sur la définition du “living wage” des Nations Unies. C’est combien alors ? En France, ça représente 39638 euros par an pour un salaire brut à Paris, 25356 euros à Clermont-Ferrand (je répète pour les deux du fond, le SMIC s’élève à 21203 euros bruts) soit entre 1,2x et 1,86x le salaire minimum actuel.

Voilà, en d’autres termes, des grosses boîtes comme Michelin disent, en toute détente, que le SMIC n’est pas un salaire décent.

En gros, pour être décent il faudrait que le SMIC monte.

Je fais un aparté mais ce que je trouve intéressant, dans TOUTES ces définitions, c’est qu’elles considèrent TOUTES, ce qui est du bon sens, qu’un salaire décent dépend des conditions de vie, et notamment du lieu de vie (ce que faisait le SMIG à l’origine, pas réussi à retrouver pourquoi on a arrêté) et de la composition du foyer.

Mais c’est quoi, vivre au quotidien avec un salaire pas décent ?

Là, évidemment, naturellement si on voulait traiter cette question, on quitterait le champ de la statistique, et on irait chercher des témoignages, comme ici.

Mais ça sert à queud.

Car vous avez remarqué, quand la moindre personne qui gagne pas bézef décrit sa vie et liste ses dépenses, la réaction automatique c’est “AH BAH OUI MAIS C’EST N’IMPORTE QUOI AUSSI”.

Parce qu’on trouve toujours que les pauvres font de la merde avec leur thune, d’ailleurs c’est sûrement pour ça qu’iels sont pauvres, et que nous, on serait des meilleurs pauvres. Comme illustré par cette phrase que n’a ABSOLUMENT PAS prononcée Emmanuel Macron :

Les smicards préfèrent des abonnements VOD à une alimentation plus saine

Moi j’ai envie de lui faire un sort à cette petite phrase.

Car vous savez quoi, si on cherche pas trop loin, elle n’est pas totalement fausse. 63% des foyers français ont un abonnement de loisirs en 2024 (contre 58% en 2022), 39% avouent qu’ils ne pourraient pas se passer d’une plateforme de streaming (contre 34% en 2022).

Si on regarde de nouveau l’étude de la Drees (avec ses chiffres un peu vieux certes, mais une étude plus récente est inconnue à cette à Drees) on constate qu’en effet les dépenses d’alimentation ont baissé dans la structuration globale des dépenses des ménages. Il y a plusieurs explications à ça, par exemple le fait que le coût de la bouffe à baissé au fil du temps (et c’est évidemment à cause des pauvres qui achètent les saloperies qu’on leur file, pas des distributeurs qui pressurisent les producteurs et achètent de la merde produite n’importe où et n’importe comment). Il y a aussi le fait que cette PROPORTION a chuté… parce que d’autres coûts ont explosé, comme le logement, tiens voilà un petit graph de l’INSEE en 2020 (ouais 2020, d’où la baisse soudaine des dépenses de transport et la hausse des coûts de logement, mais vous voyez la tendance).

Cela dit oui au global, à l’exception des foyers les plus pauvres, la structuration des dépenses est relativement similaire selon les catégories sociales, avec notamment un poste “loisirs et culture” équivalent.

Ça mériterait une étude à part entière (je suis sûre que ça existe mais je sais que là vous n’en pouvez plus des chiffres) (en tout cas moi j’en peux plus), cette espèce de supériorité morale qui consiste à décider à la place d’une personne plus pauvre que soi ce qu’elle devrait consommer, ce qu’il serait BIEN, et DIGNE qu’elle désire. A décréter pour elle que bouffer bio serait prioritaire sur le fait d’emmener ses gosses en vacances ou de mater Netflix. Que nous autres, on peut pas se passer de notre streaming (qui, btw, a une dimension de lien social, parce que “la dernière série à avoir vue” est une social currency mais c’est pas le sujet) mais ces gens-là devraient juste mater Joséphine, manger plus de légumes et pas faire iech.

SAUF QUE VOILÀ, “bien manger”, ce n’est pas seulement une histoire de thune, ni même d’éducation. Le débat est monté pas mal ces dernières années au UK, qui a adopté une approche de culpabilisation intense sur la “junk food”. Oui bien sûr, la bouffe transformée est moins chère (et c’est moins cher de réchauffer un truc au micro-ondes que de le laisser mijoter 2h). Mais bon on a tous·tes entendu que “c’est pas si cher de faire le marché et de cuisiner”. OUI, sauf que c’est coûteux en temps. Et qu’en fait, le temps, c’est un luxe, que tout le monde n’a pas. Ajoutons une notion hyper-intéressante (je n’arrive pas à retrouver la source, mais on en parle un peu là) : dans certains foyers où les dépenses sont rationnées, les parents doivent dire “non” à leurs enfants en permanence, et leur cuisiner ce qu’iels veulent, c’est un moyen de dire “oui” de temps en temps. Aussi, beaucoup de foyers ne peuvent pas se permettre de cuisiner un truc… qui ne plaira pas à tout le monde à la maison, donc en reviennent au plus petit dénominateur commun : la bouffe trop grasse, trop sucrée, trop salée.

Je me calme, et j’ajoute que la Drees a posé une question intéressante, dans son étude, qui est : si vous aviez un surplus de revenus, vous le dépenseriez à quoi ? Si vous voulez le détail, c’est page 9, mais là, je vous donne le top : pour les plus pauvres, c’est d’abord “épargner” et “la bouffe” ex-aequo (vraiment, font n’imp avec leur argent c’est fou), suivis des loisirs. Pour les modestes non-pauvres et les classes moyennes, c’est aussi épargner d’abord, puis les loisirs.

VOILOU. Mais il reste un truc intéressant à creuser.

Un truc vraiment intéressant, je trouve. Dans toutes ces études, et même le comparatif de l’Observatoire des Inégalités entre les ouvriers et les cadres on voit… si on regarde bien… que la proportion, chez les foyers moins riches, qui va aux dépenses de logement (18,4 vs. 13,4) et de transports (17,5 vs. 16,8) est pas mal plus élevée.

Ce qui n’est que l’arbre qui cache la forêt d’un concept passionnant, qué s’apélorio : LA DOUBLE-PEINE.

Tenez, j’en fais une partie entière pour aérer le bail.

La double-peine, hé

On l’appelle aussi “double-pénalité”. C’est un concept qui est né aux US dans les années 60, et qui est étudié en France notamment par La Banque Postale (avec l’Action Tank Entreprise & Pauvreté et le Boston Consulting Group).

En gros, la « double peine » de pauvreté désigne le fait que les ménages pauvres doivent, en plus de subir un pouvoir d’achat plus faible, payer un même bien ou service plus cher que les autres.

Le retour des petits encadrés
D’après l’étude, en 2023, la double-pénalité s’élève à 745€ par an pour les ménages du 1er décile, 640€ par an pour ceux du 2ème (soit en gros, entre 12 et 8 semaines de courses).
90% de la double-pénalité concerne 5 postes de dépenses : logement, énergie, mobilité, assurance, emprunt.

En gros, l’idée c’est qu’avec moins de liquidités et de marge de manoeuvre, on se retrouve à devoir faire des choix de consommation moins avantageux, qui sont dûs :

  • au volume de consommation : par exemple, ne pas pouvoir acheter en grandes quantités qui permettraient d’avoir un prix plus avantageux (ça marche du coût de la bouffe au coût du gaz plus élevé sur les petits consommateurs)

  • à la localisation géographique : les ménages plus modestes optent souvent pour des logements plus petits, qui peuvent coûter jusqu’à 13% de loyer en plus au mètre carré. Ajoutons qu’il faut souvent être plus loin de son lieu de travail, ce qui augmente les coûts de transport.

  • à la faible qualité des biens : par exemple, un logement mal isolé peut amener jusqu’à 13% de dépenses supplémentaires pour un confort équivalent à un logement bien isolé, un véhicule ancien coûte plus cher en essence et en assurance, l’électroménager de merde pète tous les 3 ans, etc.

  • au manque d’information : qui amène à faire des moins bons choix, par exemple avoir un contrat d’assurance inadapté à ses besoins.

Ajoutons à ça des petits cadeaux Bonux, comme par exemple des frais bancaires plus élevés dûs à des découverts plus fréquents et le fait que les ménages pauvres négocient moins leur abandon.

Bref, être pauvre, c’est payer plus pour la même chose.

Il est temps de conclure

40 minutes et 200 datas plus tard, si vous êtes toujours là, sachez que je vous épargne le point “smicardisation” en vous renvoyant à ce podcast du Monde, qui nous apprend que oui, chaque hausse du SMIC met mathématiquement plus de gens au SMIC, vu que le SMIC rattrape les bas salaires. Je dirai juste que quand le doigt montre la lune (le fait que les salaires ne sont pas assez revalorisés AU GLOBAL en temps d’inflation), l’imbécile regarde le doigt (se retrouver au SMIC).

Et évidemment, vous l’aurez capté, je ne vais pas me lancer dans le débat sur les effets du SMIC et de son éventuelle hausse, car je suis pas économiste. J’avais juste envie de décadrer 5 minutes (ok, 15 minutes) pour qu’on se rappelle qu’on parle de vrais gens derrière tout ça.

Drop smic.

CDLT,

Sev