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Hater-generated content bi-mensuel sur le monde du travail. Sort le jeudi mais le mood est "comme un lundi".

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Par CDLT
18 janv. · 9 mn à lire
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Comment expliquer vos choix de vie à votre famille à Noël ?

5 conseils pour éviter d'avoir les boules

Si vous aimez cet article n’oubliez pas de liker et de vous abo… non j’déconne, faites ce que vous voulez, mais en tout cas CDLT est aussi sur Insta et y’a une boutique Etsy à la con, pour des updates sur le shop d’ailleurs c’est en bas de l’article, bisous.

Vous-mêmes vous savez, Noël en famille ça implique deux choses.

La première, c’est bien évidemment d’assurer le SAV technique : puisque vous bossez dans les Internets (enfin sur Internet, enfin que vous avez Internet quoi), à peine vous débarquez qu’on vous soumet tout un petit paquet de merdes qui s’empilent depuis des mois, “mais ça peut attendre hein" (ça peut pas attendre). Quand vous aurez, au choix et non-exclusif :
- appelé le bâtard de ses grands morts d’opérateur téléphonique qui a vendu à vos grands-parents un package fibre de gamer et 128 chaînes de télé internationales
- effacé les spywares (dont vous découvrez au passage qu’ils existent toujours)
- fait un gros clean de l’ordi qui ramait sa mère, en effaçant au passage tous les diaporamas de memes nuls à iech et en essayant de ne pas choper un PTSD en apercevant l’historique de navigation
- fait un gros clean de l’iPad qui contenait 2588 photos de menton
- réexpliqué FaceTime
- scanné un document pour l’administration
- résolu ce bug qui venait d’un logiciel téléchargé on ne sait pas d’où, on ne sait pas pourquoi
- expliqué que cette nouvelle ampoule récemment achetée est en fait une ampoule connectée et qu’il faut télécharger une appli et donner toutes ses datas pour pouvoir avoir la lumière.

Vous allez pouvoir vous attaquer à la deuxième chose, qui est beaucoup plus complexe : justifier vos choix professionnels auprès de votre famille. Cette idée d’article m’est arrivée après avoir eu la troisième conversation de suite sur le sujet : donc d’après une étude fiable d’Ipsauce x moi, je dirais qu’environ 82% des gens qui vont passer les fêtes en famille sont dès maintenant en train de développer une angoisse sur le sujet. Mais ne vous inquiétez pas, je suis là pour vous aider.

Posons le contexte : pourquoi ?

Devoir justifier ses choix de vie auprès de sa famille, c’est pas nouveau. Petite pensée entre autres aux vegan, aux personnes LGBTIQ+, et à celleux qui ont décidé de rester vivre en ville après leurs études “dans l’odeur de pot d’échappement”. Mais pourquoi c’est particulièrement aigü, côté pro, en ce moment ?
Je pourrais juste vous renvoyer vers mon pavé sur les Millennials, mais comme votre temps est précieux et qu’il y a encore 18 cadeaux à acheter pour des gens qui n’ont besoin de rien, je vous le résume.

En bref, toutes les personnes nées avant 1995 et en âge de bosser (car ça ne concerne pas que les Millennials j’avoue) sont dans un entre-deux bien éclaté. Ces personnes sont arrivées sur le marché du travail avec les codes des Boomers (des bonnes études ça garantit un bon travail, le CDI c’est le Graal, l’idéal c’est une carrière longue dans la même boîte, si tu bosses bien ta boîte prendra soin de toi, à la fin y’a la retraite) dans un monde où les règles sont en train de changer.
Elles sont arrivées sur un marché où on enchaîne crise sur crise, où l’avancée fulgurante de la tech remet en question leurs métier/compétences, où on les a formées pour des tafs qui n’allaient plus exister, pas formées pour ceux qui allaient exister, où le rapport de force entreprise/employé est à leur défaveur.
Ajoutons à ça qu’on a choisi notre voie à un moment où on ne se connaissait pas du tout (“ouais j’aime bien l’anglais et les arts plastiques”), pour des raisons qui n’ont souvent plus cours.
Ajoutons à ça que - tarte à la crème de CDLT - notre rapport au travail a changé profondément ces dernières années. Qu’on a réalisé que le travail, c’est une équation “qu’est-ce que je donne” vs. “qu’est-ce que ça m’apporte”, et percuté qu’a priori, donner sa vie et sa santé, et vivre dans des conditions pas top en échange de pas de stabilité, de pas forcément de reconnaissance, ni de sens, n’en avait pas, de sens. Que le travail devait être au service de la vie, et pas l’inverse.

Et paf, ça fait des Chocapic : une multitude de crises individuelles qui sont en fait systémiques. A un moment où les gens pourraient - du moins c’est ce qu’on leur a promis - aspirer à un peu de confort, et commencer à faire des projets, ces mêmes gens se retrouvent à remettre en question leurs choix professionnels et à envisager un virage à moult degrés qui les remet en instabilité.

84 % des gens disent avoir envisagé de se reconvertir en raison d’une insatisfaction professionnelle selon France Compétences. C’est pas juste un cliché, c’est pas juste un caprice, c’est une réadaptation forcée rendue nécessaire par un contexte bordélique et la réalisation du fait qu’on va plus ou moins bosser jusqu’à la fin de nos jours.

Oui donc bref, Noël.

Selon Ipsauce-doigt mouillé, si vous êtes encore en train de me lire, il y a des chances qu’en 2023, vous ayez pris une décision (ou que vous vous apprêtiez à la prendre). Un truc courageux, un peu flippant, qui remet en question à peu près TOUT ce que votre famille avait en tête pour vous. Et donc là, vous le savez, vos espoirs, vos rêves, vos plans sur la comète vont entrer en collision frontale avec leurs attentes et leur conception du monde. Vous vous exposez à des “c’est pas pour ça que j’ai payé tes études” et compagnie, qui, vous le savez, veulent au fond dire qu’on se soucie de vous. Mais votre réservoir d’anxiété est déjà plein à ras-bord donc c’est pas le moment.

Voici donc, enfin, le sujet de cet article : vous prodiguer des conseils absolument inutiles pour survivre, entre deux discussions sur l’islam, la situation au Proche-Orient et ces emmerdeurs d’écolos, à ce moment terrible où toute votre famille vous plaquera au visage cette grosse poêle chaude en fonte qu’on appelle le jugement. En fonction de votre situation.

Cas #1 - Vous venez de claquer votre dem sans rien derrière

La situation :

Vous et moi, on sait ce qui s’est passé. Vous êtes arrivé au point de rupture, et peut-être même pas de rupture co au point où vous en étiez. Vous avez atteint ce moment fatidique où votre travail vous aspirait l’âme, menaçait votre santé, vos relations, bref, votre vie, et où vous n’aviez plus ni la force ni l’espace mental nécessaire pour penser à l’après. La seule chose qui restait à faire, et que vous avez faite, c’est de fuir. Vous ne savez pas ce qui vous attend, mais ça va déjà mieux. C’est un acte de préservation extraordinairement courageux, donc au cas où on vous le dirait pas assez, je vous le dis : bravo.

Ce que votre famille perçoit :

Vous avez pris un aller simple en classe éco pour un petit 0 pièce sous un pont.

La solution :

Vous pourriez, si vous avez chopé une rupture co, vanter les mérites de cette pépite du système français. Vous pourriez, si vous n’en avez pas chopé, leur rappeler qu’avec le putain de CV que vous vous êtes construit avec des larmes et du sang et du burnout, vous pouvez retrouver un truc si vous le souhaitez, mais que là vous ne le souhaitez pas. Mais ne faites pas ça.

Moi ce que je vous recommande, c’est d’embrasser le mystère.
Que dis-je, de lui rouler des pelles, au mystère. L’enjeu, c’est d’être fuyant·e, mais avec assurance. Soyez présent·e physiquement, mais absent·e mentalement. Passez de longs moments sans bouger, le regard dans le vague, ignorant tout ce qui vous entoure. Quand on vous demandera “Ça va ?”, dites “Oui, pourquoi ?”. Répondez au maximum aux questions par des “Oui” et des “Non” sans jamais élaborer, du genre :
“Mais tu as pensé à ce qu’il va t’arriver si tu ne retrouves rien ?
- Oui.”
Remplacez autant que vous le pouvez la fin de vos phrases par des points de suspension audibles, de type :
“Mais qu’est-ce que tu vas faire ?
- Oh, tu sais…”
Tout en gardant, c’est important, le regard au loin, vers un horizon imaginaire, peut-être un peu troublant, que vous êtes la seule personne à décerner dans les brumes désertiques.
Faites des gestes inutiles mais théâtraux.
Ne répondez qu’une fois sur trois quand on vous parle.

Vous l’aurez compris, le but est de créer l’impression que vous avez quitté votre job pour rejoindre la DGSE. Si vous tenez bien votre rôle, d’ici 4-6 mois, la boulangère du coin sera absolument persuadée que vous bossez pour la CIA, et on vous demandera, au détour d’une conversation, si c’est vrai pour George Soros.

Cas #2 - Vous reprenez des études pour changer de voie

La situation :

Big up. Nan, parce qu’il faut se le dire : c’est une chose de se dire qu’on adore faire des gâteaux pour les potos, c’en est une autre de se lancer dans un CAP pâtisserie. Il est évident que vous n’avez pas pris cette décision à la légère. C’est probablement même la seule fois de votre vie où vous avez une idée concrète de votre budget hebdomadaire, incluant charges et impôts, et prenant en compte l’inflation sur les pâtes marque distributeur, sur deux ans. Vous avez ce qu’on appelle de la suite dans les idées.

Ce que votre famille perçoit :

Vous jetez votre Master d’Ecole de Commerce à 30 000 boules par la fenêtre comme un vieux mégot, et il ne sera plus possible de rivaliser avec cette langue de vipère de Josiane du cours de yoga, cette chieuse dont les enfants sont avocat·es/médecins/chercheurs·ses en astrophysique. Vous foutez la honte sérieux.

La solution :

Alors là on ne va pas tortiller du cul : il n’y a qu’un seul moyen de s’en sortir, qui est ce qu’on appelle le “framing” en behavioural trucmuche. En bref : créer un cadre de référence qui donne l’impression que votre décision est, au final, pas la pire. Le framing dans une négo Vinted, c’est de proposer 20€ pour une chemise Sandro jamais portée vendue à 120€, se le faire refuser, et finalement proposer 70 balles et que ça semble quand même pas si mal.

Dans ce contexte, le framing va consister à sélectionner une voie qui ne vous a jamais traversé l’esprit, mais qui s’avère :
- dangereuse, comme par exemple prof
- un peu glauque, comme croque-mort (attendez je trouve ça super comme métier, on se parle pas de mon avis mais de celui de votre famille)
- à l’opposé de leurs valeurs, comme par exemple CRS si votre famille est de gauche

Et de commencer par parler de ça, avec beaucoup de détails visant à créer une angoisse extrêmement concrète, comme par exemple : “j’ai hésité avec la thanatopraxie mais il faudrait que je me coupe les ongles”. Il est important de laisser mariner plusieurs jours : on ne se parle pas de torture attention, à la seconde où on vous dit qu’on n’en a pas dormi de la nuit, il est temps d’intervenir. Là vous pouvez caler tranquillement qu’en fait vous songez plutôt à l’ébénisterie/la pâtisserie/l’oenologie, et ça semblera soudainement un choix extrêmement sain, joyeux, formidable, quel soulagement, fiouh.

Cas #3 - Vous devenez indépendant·e

La situation :

Vous avez réalisé que, quitte à taffer sa race pour enrichir des actionnaires, autant que l’actionnaire ce soit vous : vous avez décidé de créer votre boîte ou de devenir freelance. Si j’en crois ma vieille expérience, vous baignez a priori dans un mélange de flippe et de confiance, cette dernière étant peut-être nouvelle chez vous. Vous avez réalisé que quoi que l’avenir vous réserve, vous rebondirez toujours, c’est le début du reste de votre vie, et franchement, c’est cool.

Ce que votre famille perçoit :

Vous avez l’outrecuidance de vous prendre pour Bill Gates alors que votre famille, elle vous connaît bien, elle sait très bien que vous n’êtes pas fait·e pour ça ! Ça se saurait. Enfin c’est évident. Votre famille est aussi persuadée que votre couleur préférée est toujours le violet, comme lorsque vous étiez fan de Iron Maiden/Korn/Tokio Hotel selon votre âge, que vous mangez toujours des Chocapic au petit dej et que votre centre d’intérêt principal est les Pokémons (mauvais exemple), mais peu importe, ces gens vous connaissent comme personne, et en plus iels y comprennent rien à votre projet, et puis “ça existe déjà”.

La solution :

Perdez-les. Créez le maximum de confusion possible. Le but n’est absolument pas d’essayer d’expliquer quoi que ce soit, au contraire l’intention est de donner l’impression que vous vivez sur une autre planète, qué s’appellorio la Silicon Valley, et ce même si votre business consiste à vendre de la céramique sur Etsy.

Pour ça vous possédez deux armes redoutables : le franglais et le corporate bullshit. L’enjeu, c’est que CHACUNE de vos phrases soit une sorte de bingo mental comprenant le maximum de mots incompréhensibles. Deux c’est bien, cinq c’est mieux. Vous ne savez pas ce qu’est un EBITDA, le cashburn ou le growth hacking ? Votre famille non plus. Alors go go go. L’air assuré, dites des choses comme “Tu sais, j’ai appuyé mon early stage sur une market research transverse et une approche lean qui combine cashflow immédiat et lifetime value à 5 chiffres”.
Ce que votre famille comprendra, globalement dans cette phrase c’est “tu sais” et “chiffres”, ce qui dans leur cerveau, comme dans le cerveau de 90% des humains à qui on débite un bullshit inepte mais complexe : “cette personne sait de quoi elle parle”.

Et paf, on vous foutra la paix, parce que c’est quand même autrement moins rigolo que le dernier bêtisier des chats d’internet sur W9.

Cas #4 - Vous venez de vous reconvertir dans ce qui n’est techniquement même pas un métier

La situation :

Vous avez fait un truc absolument surnaturel. Vous avez troqué un emploi vaguement stable contre… poursuivre votre art, ou votre passion, ou votre vocation, enfin un truc qui implique qu’a priori vous ayez économisé assez de thune ou négocié assez bien votre rupture co pour faire ce qu’il y a de plus flippant : vous consacrer à 100% à ce truc qui vous tortilllait les tripes mais que vous aviez ignoré jusque-là parce que la prio c’était de trouver un vrai travail pour payer votre vrai loyer. Vous avez les chocottes, mais aussi un sentiment d’accomplissement phénoménal, parce que vous savez que vous vous achetez un truc qui n’a pas de prix : savoir, sur votre lit de mort, que vous n’aurez pas le regret de ne pas avoir essayé. Est-ce que c’est pas glorieux ?

Ce que votre famille perçoit :

Non c’est pas glorieux, et au mieux vous allez clamser comme Van Gogh, dans la pauvreté la plus totale et avec un appendice en moins.

La solution :

Il faut combattre le mal par le mal : sautez à pieds joints dans l’imaginaire de l’artiste indigent·e. Deux options, selon votre groupe d’appartenance au collège.

Si vous étiez emo, gothique, ou métalleux·se, alors votre univers de choix sera le cliché de l’artiste romantique du XIXème torturé·e sous drogue. Habillez-vous de couleurs unies avec une prédominance de noir. Si vous avez un manteau long, type gabardine, c’est parfait. Ayez l’alcool triste. Dites des choses d’un fatalisme face auquel on ne peut opposer aucune forme de réponse, du type “Ce monde va tellement mal” ou “Tant de gens souffrent à cet instant précis”. Prenez toutes les occasions possibles d’aller à l’extérieur, évidemment en restant à portée de vue, et de contempler, dans une immobilité déconcertante, n’importe quel paysage comme s’il pouvait vous révéler les secrets des bas-fonds de votre âme. Il est essentiel de péter l’ambiance à chaque occasion qui se présente.

Si vous étiez plutôt dans la catégorie skaters, bohème, hippie ou rasta, là il n’y a qu’un choix : allez tout droit vers le babos. Dénichez au marché naze du coin la panoplie du parfait anticapitaliste globalisé : t-shirt Bob Marley et hoodie du Che - ou l’inverse - sarouel en wax (ou avec des petits éléphants, selon votre goût globalisé), bonnet large, bolasses, encens made in cancer, et collier avec une dent de requin en céramique. Il est important de noter que les dreadlocks ne sont pas obligatoires car ça nique les cheveux, mais le shampooing non plus n’est pas obligatoire. Idéalement, pas de déodorant ou du déodorant naturel, ce qui revient au même. Choisissez un ennemi : les pollueurs, les milliardaires, le capitalisme, ou même Bill Gates - peu importe on n’est pas là pour faire dans la dentelle - et ne parlez que de ça. Suggérez évidemment l’idée d’aller vivre dans une ZAD.

L’enjeu, on ne va pas se mentir, c’est de faire peur. Mais contrairement au cas cité plus haut de la reprise d’études, il va s’agir d’installer une peur durable, qui vise à ce qu’on vous fuie comme la peste pendant tout le temps où vous aurez besoin qu’on vous laisse tranquille pour vous consacrer à votre projet. Ensuite, deux options : ça cartonne et la surprise n’en sera que plus grande, ou vous revenez à ce que vous faisiez avant et ça deviendra une “phase” où tout le monde se moquera des années de votre sarouel, mais pas de votre vocation.

Cas #5 - Vous faites un truc qui paye moins mais vous rend heureux·se

La situation :

Ça peut être n’importe quoi. Choper un taf qui vous plaît en acceptant une baisse de salaire. Commencer une nouvelle carrière du début. Partir en congé parental long. Passer à un temps partiel. Le calcul est très simple : votre bonheur et votre santé mentale ont en fait un prix, que vous acceptez joyeusement de payer sous la forme de gagner moins de thunes mais aussi d’en dépenser moins dans tous les trucs qui vous permettaient de survivre (yoga, sport, alcool, clope, drogues, médocs, pick your player).
L’absence de boule au ventre en se levant le matin est une sensation nouvelle, mais infiniment délicieuse. Vous ne reviendriez en arrière pour rien au monde.

Ce que votre famille perçoit :

Vous êtes en dégringolade totale. Vous venez d’accepter qu’on dénigre votre valeur, car c’est bien connu la valeur se mesure par l’argent. Vous êtes sur une pente savonneuse : et puis quoi après ça hein ? Aller ramasser vos propres légumes pour être au contact de la terre ? (ne leur parlez pas de votre AMAP).

La solution :

L’attaque. Oui je sais c’est difficile, parce que vous êtes probablement en paix avec vous-même, namaste non-violence carpe diem, tout ça. Mais si vous n’attaquez pas en premier, vous allez vous retrouver dans une posture défensive, et je suis sûre que Sun-Tzu a fait un paragraphe entier sur ce sujet que des hommes blancs chefs d’entreprise se feront une joie de vous citer de tête. L’idée, c’est de devenir cette personne absolument insupportable qui, parce qu’elle a fait un choix de vie, se permet de questionner les choix de vie de tout le monde.

Attention, attaquez avec violence mais subtilité. Ne dites pas “Mais toi Robert, tu t’es pas fait dégager de ta boîte comme une merde après 38 ans de bons et loyaux services parce qu’ils délocalisaient en Chine ?”. Dites “Tonton, si c’était à refaire, tu crois que tu aurais pris un arrêt maladie quand tu as fait une pneumonie plutôt que d’aller quand même bosser pour pas te faire mal voir ?”. Incitez à la réflexion. Forez des puits de doute dans le terrain friable de leurs certitudes. Si vous n’avez pas d’inspiration, demandez juste “Pourquoi ?” quand les gens affirment un truc, et doublez d’un “Mais pourquoi ?” quand iels vous répondent.

Si à un moment, vous êtes à court de munitions, alors c’est le moment de dégainer l’arme nucléaire. Attention, je vais pas vous faire un dessin, la bombe atomique c’est pas joli-joli. Y’a des dégâts. Mais si vous étiez ce genre de personne qui dégommait ses châteaux de sable à la plage après avoir passé des heures à les construire, vous savez exactement de quelle joie je parle quand je vous dis que c’est un plaisir de fin gourmet. L’arme nucléaire, elle est simple, et attention, elle est absolument mono-obsessionnelle : il s’agit de dégainer la retraite. Attention, pas les Trente Glorieuses en général, c’est trop facile, vous valez mieux que ça, et trop difficile, il faut faire des recherches. Juste la retraite. Expliquez-leur simplement qu’elleux, iels ont attaqué et probablement fini leur vie pro avec l’assurance de pouvoir se reposer pépère à la fin, tout en votant en masse pour que votre génération n’aie pas le loisir d’espérer rêver du même droit, tout en payant leurs pensions quand même. Voilà. C’est moche, je vous avais prévenu·es. Mais c’est beau, aussi.

CDLT,

Sev

Oui et donc l’update Boutique de CDLT pour les Secret Santa à la con :
A ma plus grande joie :
- les trucs arrivent, et vite
- ils sont BG
- le service client est quali
- ci-dessous des vraies photos prises par des vraies personnes qui ne sont pas moi
- merci à tous·tes les maboules qui ont sauté à pieds joints dans le n’imp en acquérant ces choses
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