Publié initialement le 03 décembre 2021

La fin d’année approche, avec son lot de “mais bordel il fait déjà nuit”, de “j’ai pas d’idée de cadeau pour mon grand-oncle”, de nouveaux variants, de vin chaud, de fromage fondu et surtout, surtout de TREND REPORTS 2022.

“Tendances” est probablement le mot qui me fait le plus cringer dans le domaine de la com. Je suis convaincue qu’à chaque fois que quelqu’un définit un·e Planneur·se Stratégique comme quelqu’un qui est “à l’écoute des tendances”, un bébé capybara meurt dans d’atroces souffrances quelque part.

Un bon trend report, c’est un peu comme un bon thème astral : il s’agit de dire assez de trucs vagues et de bon sens pour qu’il y en ait au moins quelques uns de vrais, et qu’on puisse crier ensuite “J’VOUS L’AVAIS DIT”.

A ce propos, qui n’a donc rien à voir, je vous recommande CHAUDEMENT ces formidables épisodes d’un podcast qui s’appelle Méta de Choc (qui analyse nos biais et nos croyances et essaye de comprendre comment on en arrive à gober certains trucs), où la présentatrice interviewe un ancien astrologue. C’est vraiment passionnant.

Bref, ça m’a donné envie de faire un top 5 bourré de mauvaise foi des trucs qu’on nous avait promis pour cette année et qui n’ont pas délivré (comme Colis-Privé).

Le top 5 des tendances éclatées au sol de 2021

#5 - L’attente d’engagement de la part des consommateurs

Me relancez pas sur le sujet.
Oui, j’ai conscience que je suis en train de m’auto-relancer toute seule.
Vous pouvez lire ça, si ce n’est déjà fait, si vous voulez un point de vue plus réfléchi que le mien. Ou juste passer à la tendance suivante, parce que vraiment, on s’en bat les reins.

#4 - Le CBD

Ça y est, toutes les boutiques de vapoteuses ont été remplacées par des boutiques de CBD. En huile, en infusion, en fumette, dans une bière ou un soda, on en est au point où c’est tellement partout qu’on a tous·tes essayé au moins une fois. On s’est senti un peu plus calme, enfin on a l’impression. La magie du CBD, c’est que tant qu’on n’aura pas d’études qui prouvent ses effets réels, ça peut servir à TOUT. Déboucher les narines, soigner le mal de dos, faire revenir l’être aimé, garantir la gloire et le succès.

#3 - La flexibilisation des modes de travail

Ce monde merveilleux où les employeurs permettraient à chacun·e de travailler d’où iel l’entend, selon son rythme, sans être fliqué·e, n’aura existé, au-delà du confinement, que l’espace de quelques lignes dans quelques articles pleins d’espoir, dont l’optimisme est entré joyeusement en collision frontale avec le mail “à tous” indiquant que ça serait cool d’être sur-place trois jours par semaine quand même merci bisous.

#2 - Les opés NFT de marques

Non mais sérieusement, vous avez pas d’autres chats à fouetter ? Je sais pas moi, faire des expériences e-commerce un peu stylées pour pas vous faire bouffer par Amazon ?

#1 - Clubhouse

Mais siiiii, vous vous rappelez. Le réseau social qui a obsédé tout le monde pendant au moins trois semaines ? Le truc qui faisait le pari que, même si on ne supporte pas les mémos vocaux de nos potes sur WhatsApp, on allait tous·tes passer nos lifes à écouter des talks de gens random qui ont tellement de succès qu’iels ont le temps d’organiser 3 conférences par jour. Ciao Clubhouse, j’espère que Vine, Meerkat, Yo!, Yik Yak te feront une petite place bien au chaud au cimetière des réseaux sociaux du futur du passé.

On ne change paaaas

On adore les tendances. Elles permettent de se dire qu’on y comprend quelque chose à ce qui se passe (alors que, il est temps de se l’avouer, on comprend R). Elles permettent de vendre à ses clients qu’il faut faire des trucs, là maintenant, si on ne veut pas louper le train de la trend.

Mais voilà, le hic, c’est qu’on vit vraiment dans une société… où il y a beaucoup plus de trucs qui ne changent pas que de trucs qui changent.

On peut donner des petits noms aux générations avec plein de lettres, mais si on s’y penche deux minutes, sur ce qui compte, la Gen Z recherche la même chose que les précédentes (être plutôt heureux·se, gagner un peu de thune mais pas au point de ne plus avoir de vie, mourir vieux·vieille entouré·e de gens qu’on aime, se marrer un peu). Iels ont juste plus de technologie entre les mains, et héritent d’un monde un peu plus catastrophique. On peut mettre des grands mots-valise sur des grands enjeux flous, il faut au final bien plus qu’une génération pour qu’un changement de fond se produise à l’échelle d’une société. Je vous l’affirme, là, avec rien d’autre que mon aplomb parce que c’est l’heure de déjeuner et que j’ai trop la dalle pour trouver des datas, mais dans cet article il y a plein de graphiques marrants sur tous les trucs qui ne changent pas (et les quelques uns qui changent, quand même).

Et peut-être que ce qui ne change pas est tout aussi, sinon plus intéressant à suivre et à comprendre, que ce qui change, au final. Peut-être qu’il y a là-dedans des vérités humaines qui peuvent nous aider à faire mieux notre travail, sans courir dans tous les sens. Peut-être qu’on devrait tenter de passer un peu de temps à faire des trend reports de ce qui ne bouge pas. On appellerait ça des Trend Retard.

Bisous,

Sev