Ciao les nazes

Séverine Bavon : sa vie, son œuvre

CDLT
15 min ⋅ 14/11/2025

🗓️ POINT CALENDRIER ÉDITO : Cet article devait sortir hier, si on respectait le planning de publication auquel je me tiens religieusement depuis bientôt 5 ans. Il était prêt, il était programmé, mais j’ai pas pu, parce qu’hier c’était le 13 novembre, et ça faisait 10 ans depuis une nuit qui ne me quitte pas. J’aurais pu anticiper et vous prévenir me direz-vous ? Mais pour ça il aurait fallu que je sois capable d’anticiper quoi que ce soit à plus de 2 jours (j’en suis pas capable). J’espère que vous avez pris soin de vous hier. Et donc, exceptionnellement un vendredi, voici un CDLT lui-même un peu spécial.

🎙️ POINT PODCAST : déjà que cet article a pas été facile à écrire, alors à dire TOUT HAUT, je vous raconte pas. Si vous voulez entendre ce que ça donne, la version podcast est dispo sur SpotifyApple Podcasts et Deezer.

Bon, ben voilà voilà.

On y est.

Ça fait presque 1 an que je sais que je vais écrire cet article, et pourtant me voilà, un samedi matin, comme deux ronds de Flanby devant mon écran, à pas savoir par où commencer.

À croire qu’une déployade de tripes ça se prépare pas en amont.

Bon bon bon. Si vous lisez CDLT depuis quelques temps, vous l’aurez compris : autant il y a tellement de moi entre les lignes de tout ce que j’écris — des Tops Topito aux giga-articles socio-philo — que vous avez sûrement une bonne idée de qui je suis, autant quand il s’agit de raconter vraiment ma life, j’ai un peu de mal, parce que j’ai maxi-peur de vous faire turbo-chier.

Eh ben là, je vais vous raconter ma life. Jusqu’à aujourd’hui. Parce qu’aujourd’hui il s’y passe un truc qui est absolument INCROYABLE pour moi et que j’ai envie de vous décrire par le menu, car c’est pas mal grâce à vous.

Je vous le dis tout de suite au cas où y’aurait eu micro-descente d’organes à la lecture du titre de l’article (et dans ce cas je vous kiffe, pardonnez-moi, vous comprendrez à la fin), je ne vous annonce PAS l’arrêt de CDLT, mais alors vraiment, VRAIMENT pas.

Mais avant de vous dire ce que je vous annonce, toutes mes excuses, je vais devoir vous raconter ma vie, mon oeuvre.

ATTENTION MAXI-SPOILER : je SAIS grâce au thriller de l’été qu’il y a parmi vous des gens qui aiment se faire spoiler la fin pour mieux profiter du chemin. Si vous en êtes, et que vous avez envie de vous faire divulgâcher l’annonce de fin de cet article, il vous suffit de cliquer sur ce lien. Allez c’est parti.

Ma vie

Je suis née un jour de pleine lu… nan quand même calmons-nous. Mais ne nous calmons pas trop, car je vais quand même remonter aux jeunes années de Séverine Bavon. Et comme je ne peux rien affirmer sans sources, j’ai décidé d’aller fouiller mes archives à la recherche de quelques artefacts qui devraient vous donner une bonne idée d’à qui on s’exprimait.

1/ Une énorme première de la classe, déjà

Qui, sur son temps libre, participait, de sa propre volonté, sans ses parents, à la dictée organisée par sa ville, pour aller bien show-off à la ronde ses incroyables capacités en ORTHOGRAPHE. Et pour couronner le flex, 1/ elle a gagné 2/ parce qu’elle a bien accordé l’adjectif “orange” sans “s” au pluriel alors que des adultes ont fait la faute 3/ elle a dû faire un discours, elle a paniqué, elle a remercié ses parents comme si elle était aux Oscars alors que je le rappelle, ils n’étaient pas là.

Nan mais attendez je pense pas que vous mesuriez.

En moyenne section, elle a tanné ses darons pour qu’ils lui apprennent à lire. Les cahiers Passeport là pour réviser pendant les grandes vacances ? Elle les DEMANDAIT. Elle a également commandé un DICTIONNAIRE pour Noël.

J’crois que vous imaginez toujours pas.

Vous voyez la première de la classe ultra-reloue qui dit qu’elle a “trop raté” en sortant du contrôle alors qu’elle va évidemment avoir 18 ? Celle qui raconte qu’elle n’a “rien révisé” alors qu’évidemment elle a révisé ? Non seulement la zouz était cette meuf insupportable, mais elle l’était visiblement AUPRÈS DES PROFSOn notera qu’elle avait un stylo 10 couleurs qui lui servait à insister sur des trucs, qu’elle a depuis troqué contre des majuscules pour insister sur des trucsOn notera qu’elle avait un stylo 10 couleurs qui lui servait à insister sur des trucs, qu’elle a depuis troqué contre des majuscules pour insister sur des trucs

Est-ce que c’est un peu ridicule ? Pas du tout : c’est très ridicule. J’ai pouffé de honte en retombant sur cette pépite. Et en même temps, puisqu’on a promis des tripes, je vais vous dire ce que je vois, là, moi, ici : derrière cette première de la classe il y a une meuf qui a pas juste “pas confiance en elle”, mais qui a vraiment, vraiment besoin qu’on l’aime et qu’est pas sûre de mériter. Et c’est peut-être pathétique, mais les profs, ben les profs lui disent qu’elle mérite. Cette première de la classe se fait harceler au collège, c’est pas la teuf à la maison, mais elle sent confusément qu’il y a un truc qui marche bien pour elle et qui va lui permettre de s’échapper, et que ce truc est l’école. Cette première de la classe va donc tout, absolument tout donner pour dégommer son bac et entrer à SciencesPo sur dossier rapport à pas avoir les moyens de faire une prépa pour passer le concours. A SciencesPo, en première année, elle songe sérieusement à arrêter pour prendre un job, car elle se prend une double-claque : 1/ réaliser qu’elle est soudain plus du tout première de la classe 2/ découvrir une autre classe — sociale celle-là, et capter qu’en fait on part pas tous·tes pareil dans la vie. Par exemple y’a des gens, leur nom de famille c’est aussi un nom de rue alors que elle son nom de famille c’est son identifiant de dossier de bourse.

Elle rattrape vaguement son retard à base de tunnels de taf. En Master, à SciencesPo, elle choisit la com parce que ça lui semble rigolo (même si les salaires à la sortie sont les plus bas de toute l’école), car pour la première fois, elle se dit qu’elle pourrait aussi faire un truc qui lui plaît. Notez bien ça, l’idée de “faire un truc qui lui plaît” parce que ça reviendra pas avant un moment. Est-ce que je peux flexer encore un coup ? Vous me le pardonnez ? Promis ? La meuf sort major de sa promo.

Mais on a pas fini de comprendre à qui on s’exprime.

2/ Une meuf qui veut un peu être autrice

La mini-zouz Bavon, là, elle veut être successivement trois trucs quand elle sera plus grande : prof, Présidente de la République, puis “autrice à succès”. Pas juste autrice hein, “à succès”. Elle savait pas comment on faisait, mais elle voulait trop écrire des livres.

Elle est publiée pour la première fois dans L’anémone, le journal qui vous accroche, le journal de sa classe de mer. Publication suite à un concours de nouvelles, obtenue de haute lutte grâce au vote du public et contre l’avis de l’enseignant de CM2, qui avait donné le thème “la mer” et voulait des jolies nouvelles qui parlaient de… la mer quoi, PAS une nouvelle de SF dystopique où des gens sur une autre planète vivent sous un dôme qui les protège de raz-de-marée, avec un léger abus de passé simple.

La zouz commence un grand nombre de romans, comme ce polar haletant et ultra-bien dialogué qui s’arrête malheureusement au chapitre 4. On ne saura jamais ce qui arrive à Jean-Étienne, la tuile.

La zouz tente avec ses copines de lancer un journal pour son collège, interdit par les autorités collégiales. La zouz participe à des concours de nouvelles (qu’elle perd systématiquement). Pendant ses études, la zouz caresse l’idée, pendant 5 bonnes minutes, de vivre de sa plume. La zouz devient rédac chef du site de son école. La zouz fait des stages : elle écrit des trucs à propos d’elle-même et de ses errances capillaires pour Karambolage, puis après avoir envisagé d’être conceptrice-rédactrice dans la pub, elle se tourne vers la stratégie en agence. Pourquoi ? Parce qu’écrire sous contrainte, c’est difficile, et puis aussi elle se trouve pas si forte. Écrire, ça suppose du talent. Elle se dit (oui ça se discute hein) qu’on peut être bon en stratégie juste en bossant beaucoup, et bosser, ça elle sait qu’elle sait. Bref, la zouz arrête d’écrire, complètement, totalement, parce qu’à 23 piges il est temps de mener une autre quête : celle du CDI.

S’ensuivent 8 ans en agence de pub, puis un “tout plaquer” pour lancer une boîte, et là… et là…

EL COVIDO.

À ce moment-là, elle est au Royaume-Uni, où les confinements sont 1/ longs 2/ nombreux.

Et là vous savez, quand je vous dis et vous répète que je suis absolument nulle dans tout ce qui est manuel ? Eh bien c’est là que je l’ai découvert. Car la meuf, dans une tentative désespérée d’éviter ce qui lui fait le plus peur au monde (rester seule avec ses pensées) a essayé : la peinture (= croûtes), faire du pain (=croûtes), le tricot (= carnage), le macramé (= désastre), la céramique (= cata), la broderie (= boucherie), la coiffure (= trauma) et le ukulélé (= massacre).

Bref, la meuf finit par s’inscrire à un atelier d’écriture en ligne. Au contact de joyeux lurons et d’une excellente prof, elle déterre, à sa grande surprise, une vieille sensation oubliée : son plaisir INFINI à écrire des trucs. Plaisir qui se transforme en deux nouvelles soumises à des concours de nouvelles (perdus, évidemment).

Mais la zouz, elle est relancée. Elle transforme l’une des nouvelles en roman (une dystopie écologique), dont elle sabote ardemment toute chance de publication mais qu’elle a adoré écrire. Elle lance avec ses camarades une petite newsletter dont vous avez peut-être entendu parler (sinon c’est chelou en vrai). Elle écrit un deuxième roman (un road trip écrit avec les tripes) qui n’est… oui, pas publié non plus, vous aurez deviné.

Mais voilà, la meuf comprend une chose : écrire, ça lui apporte, en soi, une dose infinie et inépuisable de kif. Peu importe le résultat, le process en lui-même est déjà générateur de beaucoup, beaucoup de joie. Et franchement, dans la France de Macron, la joie c’est déjà ça de pris.

Mais voilà, il s’avère qu’au milieu de tout ça, il y a cette newsletter. Cette newsletter, au début, c’est un peu une blagoune. Puis ça devient une habitude. Puis un hobby. Puis un projet. Et puis paf. Ça devient quelque chose de plus.

Mais avant d’y arriver, on va faire une dernière étape pour capter la meuf.

3/ Une meuf qui ne comprend pas pourquoi le travail fait autant de mal aux gens

On a donc une première de la classe qui veut écrire des trucs, mais qui s’arrête car d’abord, il faut gagner sa vie.

S’il fallait résumer la carrière de la zouz, il y a probablement un fil conducteur : une incompréhension fondamentale du mal que fait parfois le travail, tout en persistant à accepter d’encaisser plein pot le mal en question parce qu’askip, il faut souffrir pour que ça vaille le coup (pour la version longue de cette sensation : c’est cet article). Qu’on s’entende : en 8 ans de pub et 6 ans d’entrepreneuriat, la meuf a pris du kif. Elle a appris des trucs, vécu des bails, elle s’est marrée, elle a voyagé, elle a eu de la reconnaissance, des wins, du fun. Mais à chaque fois, y’a un truc qu’est revenu la bouffer : ce sentiment d’injustice face à la souffrance que le travail peut parfois créer, la violence du quotidien et les gens qu’on abîme au passage… pour ça. Quand elle a besoin de se flageller, elle se dit qu’elle est probablement un peu trop sensible, et certainement un peu trop fragile. Mais voilà, y’a deux trucs qui la caractérisent, la meuf. Le premier c’est que l’injustice la fait vriller. Le second, c’est qu’elle pense en systèmes. Et ce qu’elle a vu, boîte après boîte, c’est comment les systèmes peuvent créer, structurellement, de la souffrance. Elle a claqué des dems et changé de crèmerie, bourrée d’espoir, pour retrouver toujours la même chose : des gens qui se flagellent de ne pas réussir à s’épanouir dans un système qui, structurellement, les écrase.

Allez retour à la première personne. Si vous me lisez, vous le savez : les datas, c’est ma grande passion. Eh bien vous savez à quelle data j’ai le plus pensé dans toute ma vie ? Je veux dire, à quel chiffre je réfléchis souvent, profondément, depuis longtemps ?

À celui-là, qui date de 2007 : 1 Français·e sur 2 a peur de devenir SDF un jour.

On est en France, un pays où globalement, on a un filet de sécurité (même si on nous le détricote quand même un peu tous les jours). Eh bien la moitié d’entre nous a peur, une peur viscérale, de finir sous les ponts. À titre de comparaison, chez nos amis des US c’est environ un quart.

Et en fait, moi, depuis aussi loin que je me souvienne, dans cette data, je vois l’origine du mal. Je pourrais reprendre un à un chacun des articles que j’ai écrits ici depuis bientôt 5 ans, et en revenir, à chaque fois, à cette terreur absolument primaire qui nous fait accepter les injustices les plus profondes.

Je ne comprends pas comment le travail, ce truc qu’on est obligés de faire, peut devenir, pour autant de gens, une telle source de souffrance. La seule explication que j’aie, c’est ça : on ne travaille pas seulement pour assurer nos besoins fondamentaux, mais parce qu’on a peur. Peur de la chute, peur du déclassement, peur de la fragilité, peur de tout perdre. On a peur de tomber, alors on s’enchaîne, on a peur de manquer, alors on accumule sans pouvoir profiter, on a peur du vide, donc on remplit nos vies pro à ras-bords.

Ben ça m’énerve. Ça me dépasse, et ça m’énerve.

Et paf, ça fait des Chocapic (= cette newsletter).

Newsletter pour laquelle, depuis bientôt 5 ans, j’ai l’impression de ne JAMAIS être à court de sujets. Des trucs à critiquer, questionner, améliorer dans le monde du travail, j’en trouve des nouveaux tout le temps, c’est fou. Et au fond, ce n’est pas seulement parce que je suis d’une nature maxi-véner : c’est aussi parce que j’y crois, moi, qu’on peut faire mieux. Que ce truc auquel on passe la majorité de nos journées pendant la majorité de nos vies pourrait être plus doux et plus enrichissant. Et si j’en crois vos mails, vos messages, vos commentaires, bref, les échanges super que j’ai avec les gens super que vous êtes, on est nombreux·ses à partager ces deux choses : une conscience aiguë de ce qui est injuste dans le travail, et une conviction profonde qu’on peut faire mieux.

Vous savez, y’a un truc qui loupe pas, avec les articles de CDLT : plus un article est personnel, et plus 1/ c’est difficile d’appuyer sur le bouton “envoyer” (je vous dis pas comment ça va être la misère pour celui-là) 2/ vos retours — sincères, vulnérables, humains, bouleversants — me rendent au centuple tout ce que je vous partage. C’est un pur bonheur de faire CDLT avec vous, et pour ça, merci.

Mais je vous cache pas que le plus dur a été de m’avouer à moi-même que j’avais envie que ça devienne un peu plus grand. Tant que c’était “juste un hobby” c’était facile : pas de pression, pas d’échec possible. Dès qu’on y met un peu d’ambition, et donc de temps et d’énergie, ben ça devient plus risqué. Moi qui suis du genre action-réaction dans la vie, j’ai mis des plombes à lancer rien qu’un compte Insta, et puis un podcast. Plus j’avance dans le fait d’assumer d’être “la meuf de CDLT”, d’ouvrir ma gueule, de montrer ma trogne, plus je sens qu’à la fois je me mets en fragilité, ET À LA FOIS C’EST ABSOLUMENT TROP GÉNIAL CE QU’IL SE PASSE PURÉE J’ADORE. Et on en revient donc, à “faire ce qu’on aime”. Je suis en train de capter que j’ai le droit.

Vous avez la villain origin story, maintenant on peut passer à la suite.

Mon oeuvre

1/ Le masterplan

Je vais vous le dire (ET PURÉE C’EST INCONFORTABLE), quand j’ai à peu près décidé d’assumer que je voulais ptêt un peu plus pour CDLT et donc pour moi (c’était fin 2023) j’ai très vite eu un plan en tête. Juste en tête, parce que rien que de l’écrire, c’était clairement au-dessus de mes forces, rapport à ce que comme dit précédemment, si ça existe alors on peut se planter. Mes coachs (les incroyables gars de Punchie) ont réussi à me le faire cracher, puis c’est resté entre nous. Donc c’est pas du tout facile pour moi de vous le partager, mais je vais le faire.

Le plan à 3-4 ans c’était, grosses masses :

  • Lancer CDLT sur les réseaux, essayer de gagner des follolows

  • Me faire repérer par des médias, de type Welcome to the Jungle et Programme B

  • Faire un bouquin, le Graal de ma life, maintenant vous le savez

  • Bim, chronique sur France Inter (oui bon c’était censé rester dans ma tête je le rappelle)

Et maintenant je vais vous raconter ce qui s’est passé. Déjà, j’ai demandé des conseils. J’ai par exemple écrit à la fabuleuse Charlotte Moreau, pour lui dire que je la trouvais extrêmement badass et lui demander comment on devenait une meuf badass (comme toutes les meufs badass, elle m’a expliqué qu’elle était pas du tout badass, et puis elle m’a donné une pelletée de conseils extrêmement généreux qui changent la vie). J’ai lancé CDLT sur les réseaux (pour vous donner une idée de mon état d’esprit quand je l’ai fait, je l’ai annoncé en bas d’un article sur le syndrome de l’imposteur).

LinkedIn, ça a pas pris, Insta en revanche, autant je suis une quille en social media, autant c’est vraiment rigolo à faire. Puis, Welcome m’a contactée pour une interview en janvier (merci à Clémence Lesacq Gosset, une autre meuf badass). Puis, (encore une meuf badass dites-donc) Sandra Fillaudeau m’a contactée pour une interview dans Les Équilibristes en février. Puis, Programme B m’a contactée pour une interview en avril. Je vous cache pas que j’étais surex et maxi-stressée. Les trucs commençaient à s’enchaîner pile dans le bon ordre.

Vous avez suivi, la next step c’était le bouquin. Puisque je vous dis les trucs : en avril 2023 j’avais déjà écrit une note d’intention un peu trop intello-sérieuse pour transformer CDLT en livre, sur l’intuition de mon pote Gabriel qui avait senti bien avant moi qu’il y avait un truc, là.

Mais là on est un an plus tard, en 2024, et ça fait bizarre à avouer parce que ça pue l’ego mais c’est la vérité : moi, j’espérais qu’on me trouverait. Je sortais deux maxi-articles par mois, je postais sur Insta, je participais à des interviews, des confs, des événements, et je me disais qu’il y aurait bien quelqu’un pour me voir et se dire qu’on pourrait faire un livre de tout ça. C’était peut-être de l’ego, mais c’était aussi deux autres choses. La première, c’est que je voulais écrire un bouquin qui soit… moi. Qu’on vienne me chercher pour moi. Avec les gros mots comme avec les sources académiques. Pas un truc (cf. capture ci-dessus) où j’essaie de me mouler dans ce que je pense qu’on attend de moi. La deuxième, c’était que je ressentais, pour la première fois de ma life, une forme étrange de… confiance. Je crois pas dans le destin. Je crois juste en quelque chose qui s’est toujours confirmé : si je travaille beaucoup beaucoup et que je fais tout ce que je peux, alors il suffit d’un petit coup de chance pour que le truc que j’espère arrive.

Et le petit coup de chance est arrivé.

2/ Le plot twist

Il y a une boîte mail associée à CDLT (hé oui, vous pouvez répondre à la newsletter), sur le webmail laposte, car je trouvais ça hyper marrant de faire une boîte mail La Poste, me demandez pas pourquoi. Celles et ceux qui m’y ont déjà écrit le savent : l’UX du webmail laposte est tellement horrible que je ne consulte cette boîte de réception qu’une fois par mois (je réponds donc toujours en commençant par m’excuser). C’est même pas vraiment responsive, la moitié des mails arrivent dans les spams, y’a tous les boutons imaginables sauf le bouton “envoyer”, bref c’est un enfer.

Mais voilà, une fois par mois, j’ouvrais ma boîte laposte en me disant “hé, ptêt qu’il y a un message d’éditeur ON SAIT PAS”.

Et puis un jour, j’étais en call avec mes acolytes Mag et Romain, comme je suis incapable de ne faire qu’une seule chose à la fois j’ai ouvert ma boîte mail La Poste, et il était là.

Si j’étais grandiloquente… EN FAIT VOUS SAVEZ QUOI JE VAIS ÊTRE GRANDILOQUENTE OKAY SI C’EST PAS MAINTENANT C’EST QUAND ?

LE MAIL… QUI ALLAIT… CHANGER MA VIE.

OBJET : FAIRE UN LIVRE ?

Le mail dont j’avais rêvé toute ma vie. Il datait de trois semaines plus tôt.

Oui.

Une perf bavonesque s’il en est. C’est donc trois semaines et 45 minutes après réception (le temps d’arrêter de sautiller dans tous les sens) que j’ai rappelé Sophie. Sophie me lisait depuis un peu plus de 6 mois, elle m’avait découverte grâce à un partage de Charlotte Moreau (à qui je ne dirai jamais assez merci).

On s’est parlé. J’ai dit que j’avais réfléchi à faire un livre, et qu’avec une centaine d’articles en boîte ça allait être pas trop compliqué : on synthétise tout ça, on remet dans le bon ordre, et paf, ça fait un livre.
Sophie m’a dit : Alors non.
J’ai fait : Ah ?
Elle a dit : Hé non. Les livres qui reprennent les contenus d’un podcast ou d’une newsletter, ça marche pas top. Les gens voient pas trop pourquoi iels paieraient pour un truc déjà dispo gratuitement en ligne.
J’ai fait : Ah bah oui.

Il allait fallloir bosser (quel dommage moi qui adore pas du tout bosser). Et d’abord, trouver une idée.

On s’est vues, et on a commencé à brainstormer. Vous SAVEZ désormais qui je suis, et donc vous SAVEZ que je suis arrivée avec un petit carnet rempli d’idées de concepts de qualité variable.

Ledit carnet. Oui mon écriture manuscrite est partie en sucette depuis la 4eLedit carnet. Oui mon écriture manuscrite est partie en sucette depuis la 4e

Et parmi ces formats, un, que j’aimais vraiment, vraiment fort, trouvé en terrasse avec les potos, qui me faisait hautement marrer, mais je me disais aussi que bon, ça allait JAMAIS passer.

J’suis donc arrivée avec mon p’tit carnet, et dans la discussion, j’ai dit à Sophie : sinon y’a une idée… mais bon elle est tendue hein.
Elle a levé un sourcil.
J’ai repris : En gros, c’est un manifeste de tout ce qui va pas dans le monde du travail, sous la forme d’une lettre de démission. On a un narrateur qui claque sa dem : chaque chapitre est une raison de partir. Ça commence par le yoga gratos en entreprise et ça finit sur l’état du monde.
Là il s’est passé successivement trois choses.
Le visage de Sophie s’est illuminé.
Elle a dit un truc comme “mais c’est génial”.
Et j’ai su que c’était l’éditrice de mon coeur.

Elle m’a demandé : On l’appelle comment ?
J’ai dit : Aucune idée. Je claque ma dem ?
Elle a dit : Faut taper plus fort.
J’ai réfléchi.
J’ai eu une idée.
J’ai pouffé. Ça passerait JAMAIS.
Jai crié : CIAO LES NAZES ! (je le mets en italiques, du coup, vu que c’est devenu le titre)
Son visage s’est ré-éclairé.

Y’avait plus qu’à signer un contrat et écrire 80 000 mots.

3/ EL LIBRO

J’ai commencé en décembre dernier. J’ai rendu le manuscrit, ÉVIDEMMENT, avec 3 mois d’avance en juin. Oui j’ai écrit le bail en continuant le taf, la newsletter, le compte insta, les autres trucs que j’écris, en préparant une série de l’été et en lançant un podcast. Est-ce que ça a été chaud patate ? Oui et non. Oui, parce que j’ai pas passé un week-end sans bosser du matin au soir depuis décembre dernier (merci de ne pas reproduire ça chez vous, pour une meuf qui gueule pour le droit à la déconnexion, c’est un comble, comme disait le grenier). Mais aussi non, parce que ça s’est fait non seulement sans douleur, mais dans la joie la plus absolue et avec le soutien total des gens qui m’entourent. Le soutien de mon mec qui m’a supportée dans les affres de non pas une, non pas deux, mais trois révisions intégrales de structure auto-infligées avant même d’avoir fini le bouquin. Le soutien de mes acolytes Romain et Magali, qui m’ont accompagnée dans un passage aux 4/5, puis au 3/5 pour avoir le temps de pondre le bail. Le soutien des potes, des amis, des proches, qui ont lu, relu, brainstormé, commenté et qui m’ont donné tout l’amour et toute la confiance dont j’avais besoin pour arriver au bout du marathon. Et tout ça dans une relation de fusion totale avec Sophie et Zoé, mes éditrices.

Suggestion pas de merdeSuggestion pas de merde

Et TADAM. Voilà ce que ça donne (en vrai à l’heure où je vous parle c’est encore un pdf mais je vous l’ai maquetté comme ça vous avez une idée):

J’ai pris un kif absolument gigantesque à écrire ce livre. J’y ai mis tout ce que j’avais envie de dire sur le monde du travail, des sujets dont j’ai parlé ici mais aussi plein que je n’ai pas encore abordés (genre l’IA). J’y ai mis de mon expérience, mais aussi de la vôtre et ce que vous m’avez confié au fil des années. Y’a des chapitres entiers que j’ai écrits en pouffant. Y’a ÉVIDEMMENT des chapitres socio-philo avec 50 sources. Des chapitres utopistes. Des chapitres véner. Y’a des punchlines. Y’a de la dataviz rigolote, un bingo des réunions inutiles et un quiz Biba “Êtes-vous un employeur toxique ?”. Mais y’a aussi des chapitres — et c’était pas prévu — que j’ai écrits au bord des larmes, parce qu’à un moment y’a un truc viscéral qu’est sorti sans prévenir. Y’a une couv réalisée par Tyler Spangler (la backstory est dans le bouquin). Y’a des easter eggs. Y’a des blagues sur le caca.

C’est à la fois des vannes sur 250 pages, et le cri du cœur d’une personne qui refuse de continuer à encaisser sans broncher les injustices et les absurdités du monde du travail. Ouais, je crois que c’est un peu ma réponse à cette peur originelle qui nous fait accepter des trucs qu’on devrait pas accepter.

Il sort le 15 janvier aux éditions Robert Laffont.

ET.

ET.

IL EST DÉSORMAIS DISPONIBLE EN PRÉCOMMANDE.

SUR LES SITES INTERNET DE TOUS LES GENS QUI VENDENT DES LIVRES.

AVEC ÉCRIT “SÉVERINE BAVON (AUTEUR)”.

C’EST MOI SÉVERINE BAVON (AUTEUR) !

(Si votre firewall bloque le site sous prétexte que c’est moi qui l’ai fait avec les pieds, essayez sur votre téléphone, ou essayez sur ce lien plus orienté conversion)

Il n’arrivera pas à temps pour Noël et le Secret Santa vu qu’il sort LE 15 JANVIER AUX ÉDITIONS ROBERT LAFFONT (cliquez ici si vous avez rippé sur les boutons), mais vous pouvez vous l’offrir à vous-même car vous l’avez mérité ? Ou l’offrir en bon cadeau, ptêt ? Ou alors une bougie, comme vous voulez.

4/ Séverine Bavon : la suite

Après toute cette looooongue intro, je pense que je n’ai pas besoin de vous dire à quel point ce livre est important pour moi. Voilà. Donc j’espère que vous me pardonnerez, parce que je vais vous BASSINER avec Ciao les nazes dans les mois à venir. VOUS KIM BASSINER, VOUS RÉMI BASSINER, VOUS BASSINER D’ARCACHON. J’ai l’intention de continuer CDLT exactement comme c’était, mais vous allez pas y couper, ici, sur Insta, sur LinkedIn, partout, où je voudrai quand je voudrai, je vais devenir JOE BASSIN.

En parallèle de ça, grâce à vous (fallait pas m’encourager aussi), je suis en train de faire un grand saut qui implique de vraiment, complètement, assumer de devenir SÉVERINE BAVON (AUTEUR). Ce qui veut dire, entre autres, que je vais commencer à faire un truc nouveau pour moi : gagner des sous avec ce que je fais. Je sais que c’est chiant, quand les gens qu’on suit commencent à monétiser des trucs, mais comme vous êtes super, je sais que vous savez aussi que c’est un peu dingo que je l’aie pas fait avant, comme en témoignent les messages incroyables que vous m’écrivez :

Exemple de message incroyable que vous m'écrivez <3Exemple de message incroyable que vous m'écrivez <3

Je pourrais faire de la pub. Mais autant j’ai une audience maxi-qualifiée (c’est vous, vous êtes super qualifié·es), autant elle est encore trop petite (vous êtes 5300 ici, 5000 sur Insta, 800 sur le podcast) pour que je gagne vraiment des sous avec du sponsoring. C’est ça, de faire des articles à 20 minutes de temps de lecture.

Voici donc le reste du plan (toujours aussi confortable à raconter dites donc) :

  • écrire payamment pour des gens, des boîtes et des projets : vous êtes un gens, une boîte ou un projet qui aimerait bien qu’on leur écrive des trucs contre rémunération ? Ça tombe bien : j’écris des articles, des tribunes, des posts LinkedIn, de la fiction, des trucs courts, des trucs longs et des trucs de moyenne taille. Je peux ne pas mettre de jeux de mots si vous le demandez. Pour me joindre, vous pouvez répondre à cette newsletter, ou écrire à monprenomsansaccentevidemment@ciaolesnazes.fr.

  • concevoir des projets édito : l’avantage d’avoir fait de la stratégie pour des marques ET d’écrire des trucs, c’est que je sais mener des projets à la rencontre des deux. Comme par exemple : concevoir, éditorialiser puis écrire un format de newsletter comme Punchline, la newsletter des formidables coachs précités. Si vous avez envie de lancer un truc, vous pouvez m’écrire à l’adresse susmentionnée.

  • faire des conférences en entreprise : j’ai un avis sur le monde du travail, j’ai des slides, j’ai des punchlines. Filez-moi une heure et un micro, et je viens vous faire un truc à la frontière entre le stand-up, la thérapie de groupe et la leçon inaugurale au Collège de France. J’ai déjà deux thèmes en boîte : “Travailler pendant que le monde s’effondre” et “Les 7 péchés capitaux du monde du travail”, je peux en faire d’autres. Avouez, ça se sent qu’on va rigoler. Même adresse mail.

  • d’autres projets rigolos TBD et d’autres moyens de me soutenir : JE VOUS LE DIS TOUT DE SUITE, j’ai pas l’intention de mettre CDLT sous paywall. Résultat, pour continuer à faire CDLT, je vous demande votre avis sur d’autres trucs que j’ai bien envie de faire. Je vous remettrai ce lien dans une prochaine édition que vous cliquiez à tête reposée, parce que j’ai déjà un peu abusé des CTA dans cet article hein.

Bref,

Tout ça pour dire.

QUE J’AI ÉCRIT UN LIVRE, NOM 1/ D’UN PETIT BONHOMME 2/ D’UNE PIPE 3/ DE NOM !

Voilà,

C’est fou.

Moi je trouve ça fou. Je m’y fais toujours pas.

Et c’est grâce à vous. Merci pour vos messages, vos encouragements, votre soutien, votre fidélité. C’est vous qui avez fait comprendre à la zouz qui voulait qu’on l’aime et qui voulait écrire des trucs, qu’en fait y’avait ptêt moy.

J’espère que vous aurez envie de le lire. J’espère qu’il vous plaira. J’espère, je dois l’avouer, que vous entrerez chez votre libraire en disant bien fort “TU CROIS QU’ILS ONT CIAO LES NAZES ? C’EST VRAIMENT LE LIVRE DONT TOUT LE MONDE PARLE EN CE MOMENT”. J’espère que vous le laisserez traîner dans l’open space pour faire flipper qui de droit. J’espère que vous aurez envie de l’offrir, que ce soit généreusement ou passif-agressivement. J’espère que vous aurez envie de le laisser bien en vue sur votre table basse ou, à défaut, dans les chiottes, moi je prends tout.

Evidemment vous pouvez répondre ce mail si vous avez des remarques, des questions, ou au petit questionnaire précité si vous avez des idées. Ah et revoilà le lien de précommande.

Allez, je savais pas comment commencer, ben je sais pas comment finir.

Ah ben si.

Ciao les nazes,

(vous êtes pas nazes vous êtes super)

CDLT,

Sev

CDLT

CDLT

Par Séverine Bavon

Ancienne employée, dirigeante d’une entreprise dans le freelancing, j’aime mettre les pieds dans 1/ le plat 2/ les évolutions du monde du travail. Je m’attaque, toutes les deux semaines, à un sujet lié au taf qui pose problème, qui m’énerve, ou qui devrait changer, avec une verve de tenancière de PMU et des sources académiques.

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